Ce qu’il faut retenir du Printemps de Bourges 2023

Le PRODISS était présent pour la 47e édition du Printemps de Bourges, du 18 au 23 avril. Ce rendez-vous musical incontournable est aussi le lieu de nombreux échanges sur les grands enjeux du live. L’occasion pour le PRODISS cette année d’accueillir une délégation de parlementaires qui ont pu découvrir sur le site, les coulisses de l’organisation d’un festival et les différents métiers à l’œuvre. Autre temps fort : la table ronde du PRODISS consacrée à l’adaptation face aux crises écologique et énergétique. Enfin, le PRODISS a participé au déjeuner du CNM en présence de la ministre de la Culture, pour un échange sur le rapport du Sénateur Bargeton avec les acteurs de la filière. Nous vous rendons également compte de nouvelles études sur le live rendues publiques à l’occasion du festival.

« Face aux crises écologique et énergétique, s’adapter ou subir »

Vendredi 21 avril, en partenariat avec l’association ARVIVA dont il est membre, le PRODISS a invité les professionnels à apprivoiser la notion clé de « l’adaptation », trop souvent invisibilisée par l’urgence de « l’atténuation », ou même confondue avec elle. 

Alors que l’atténuation vise à limiter les causes du changement climatique, l’adaptation tient compte de ses conséquences déjà connues, cherche à se représenter les conséquences à venir, et vise à limiter les dommages associés sur les populations, les activités socio-économiques et sur la nature. 

S’il existe des politiques publiques d’adaptation, cette réflexion doit également être menée par les entreprises, qui ont grand intérêt à anticiper les ajustements ou les transformations à mener dans leurs modalités d’organisation ou dans leur modèle d’activité pour réduire leur vulnérabilité.

C’est le conseil porté lors de cette table ronde par Juliette Nouel, journaliste spécialisée qui a créé les « Ateliers de l'adaptation au changement climatique », et par Lydie Ougier, Conseillère technique à la Direction Exécutive de l'Expertise et des Programmes de l'ADEME, qui a notamment contribué aux scénarios prospectifs « Transition(s) 2050 ». 

Rappelant que les crises écologique et énergétique vont rendre la culture et la musique de plus en plus nécessaires pour le lien social, elles ont appelé les producteurs de spectacles et les organisateurs de festivals à user de l’intelligence collective, et à ouvrir un dialogue avec toutes leurs parties prenantes, du public aux artistes en passant par l’État et les collectivités. Pour inventer progressivement comment concilier leurs contraintes « métier » à des contraintes externes grandissantes, en sachant que cela prendra du temps et que cela comporte de nombreuses inconnues, notamment économiques. Mais que le coût de l’inaction serait bien supérieur, et que les professionnels sont les mieux placés pour faire émerger des solutions désirables.

Émilie Yakich, Co-directrice des Francofolies de La Rochelle, et Thierry Langlois, Fondateur et dirigeant de la société de production UNI-T, ont quant à eux témoigné de l’adaptation permanente dont les métiers du live avaient toujours fait preuve, dans leur quotidien comme face aux crises, et de la prise de conscience que le secteur devrait sans doute envisager des changements plus importants, pour lesquels il aurait besoin d’aide. En associant atténuation et adaptation, et en travaillant à préserver une diversité de formes, de formats et de lieux d’expression du spectacle vivant.

Le PRODISS remercie Soweig Barbier d’ARVIVA pour avoir orchestré les échanges, et les quatre intervenants pour la justesse et l’exigence de leurs propos. Le sujet sera repris lors de prochains événements.

Avec  

Thierry Langlois, UNI-T 

« On passe notre temps à gérer des imprévus. Ce qui nous empêche aussi de travailler à préparer les imprévus de plus long terme. On y pense, on cherche tous des solutions, mais on finit toujours par devoir gérer une urgence. Mettre le sujet au-dessus de la pile ça veut dire plus de temps, plus de personnel, plus de moyens… »

Émilie Yakich, Francofolies de La Rochelle  

« À chaque étape, à chaque crise, on a toujours trouvé des solutions. Je crois au fait d’appuyer nos démarches sur ce que l’on fait de bien pour poursuivre et s’améliorer, plutôt que d’appuyer sur ce qui est mal fait. »

Juliette Nouel, les Ateliers de l'adaptation au changement climatique » 

« On va avoir de plus en plus besoin de tout ce que vous portez. On a besoin que vous assuriez votre pérennité. Et pour ça il va falloir se mettre autour de la table pour réfléchir collectivement. (…) On ne peut pas tout faire du jour au lendemain, mais en commençant à en parler on pourra petit à petit financer du transformationnel.»

Lydie Ougier, ADEME 

« Le message que je voudrais vous faire passer, c’est qu’on sera confrontés à des phénomènes naturels extrêmes, que tous nos métiers seront impactés, et que la solution ne peut pas être que technologique. La question c’est : est-ce que vous les subissez ou est-ce que vous les anticipez ? »

De nouvelles études sur le live communiquées à Bourges : économie des festivals, Gen Z et perception sonore

Le CNM a organisé deux tables rondes pendant ce Printemps de Bourges, toutes deux adossées sur de nouvelles études.  

La première table ronde concernait l’économie des festivals. Le CNM y a présenté un bilan de l’évolution de leurs budgets entre 2019 et 2022, à retrouver ici. Les grands résultats de cette étude rejoignent ceux du bilan des festivals du PRODISS réalisé en octobre dernier, avec une hausse des coûts supérieure à celle des recettes, mais avec un effet de ciseau moins marqué pour le CNM.    

La deuxième table ronde du CNM, en association avec le pass Culture et le Printemps de Bourges, explorait les relations de la Gen Z au live. Elle s’appuyait sur une note de réflexion d’un sociologue, accessible ici. Ces travaux pointent la place centrale du smartphone et des réseaux sociaux avant, pendant et après le concert. Ils concluent à une préférence de cette génération pour les grandes salles et les artistes internationaux.  

Agi-son a également organisé une table-ronde sur la perception par le public de la qualité sonore et des basses fréquences, en s’appuyant sur son nouveau on baromètre 2022 des publics de concerts, disponible ici

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