L'entrevue #10
Nous donnons la parole à nos adhérents.
Ce mois-ci, découvrez le portrait de Charlotte Gaurichon-Brosse, Directrice générale de Caramba culture live.
La diversification est notre modèle depuis le début. […] Nous sommes des généralistes qui défendons une diversité culturelle.
POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTEZ EN QUELQUES MOTS ? VOTRE PARCOURS ?
Charlotte Gaurichon-Brosse, Directrice générale de Caramba culture live depuis 2017, je suis née à Niort en 1977.
Après des études d’arts graphiques, j’ai commencé à travailler dans une maison d’édition littéraire en 2000.
Puis en 2002, je rejoins l’agence Kreo pour suivre des projets industriels de designers.
Je développe alors un goût fort pour l’art ; je travaille avec des artistes tels que François Bauchet, Ronan et Erwan Bouroullec, Pierre Charpin et je m’engage aux côtés de Clémence et Didier Krzentowski à la galerie Kreo où je suis responsable de la production de séries limitées. Quinze années passées auprès de ces immenses designers et de deux incroyables passionnés et collectionneurs à qui je dois vraiment beaucoup.
Pour soutenir mon père, je rejoins Caramba en 2017 et m’investis dans cette entreprise qui foisonne de projets, d’idées et d’envies. Aujourd’hui, nous formons un tandem très complémentaire, et nous avons beaucoup de chance de pouvoir compter sur une équipe super investie de plus de 40 personnes.
Je dois mon équilibre à mes deux filles de 8 et 15 ans et mon homme qui joue un rôle de soutien essentiel dans toute cette aventure.
CARAMBA REPRÉSENTE DES ARTISTES DE TOUTES NATIONALITÉS, DANS DES STYLES MUSICAUX ET DES TYPOLOGIES DE SPECTACLES VARIÉS (CHANSON, ROCK, POP, RAP, WORLD, CIRQUE, DANSE, ...). L'ÉCLECTISME ET LA DIVERSITÉ SONT SES MARQUES DE FABRIQUE : POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE PLUS ?
La diversification est notre modèle depuis le début. Luc produit depuis toujours aussi bien des « musiques du monde » que de la chanson française, nous sommes des généralistes qui défendons une diversité culturelle.
Cette volonté de se diversifier s’est intensifiée depuis 2015, avec la création d’un pôle « spectacles », l’intégration d’un label phonographique, la création d’une agence événementielle, le développement d’un pôle urbain et la participation dans le théâtre Le 13e art. Toutes ces activités témoignent de cette multitude de projets amorcés ces derniers temps. Les co-productions avec des festivals se font également plus régulières. Cet éventail de projets est aussi le fruit de collaborations avec d’autres acteurs qui ont rejoint Caramba avec leur « patte » au fil des ans.
Notre agilité à diffuser des artistes hors de France nous amène aussi à de nouvelles rencontres qui génèrent un flux inverse : l’import de projets internationaux que nous produisons ici, en France.
CARAMBA EST UNE ENTREPRISE FAMILIALE QUE VOUS DIRIGEZ AUX CÔTÉS DE VOTRE PÈRE, LUC GAURICHON. POUVEZ-VOUS NOUS RACONTER SON DÉVELOPPEMENT AU FIL DES ANNÉES ET COMMENT SE PASSE LA TRANSMISSION ENTRE DEUX GÉNÉRATIONS DE PASSIONNÉS ?
Raconter le développement de Caramba au fil des années serait très long… disons que les dix dernières années ont été pour Caramba synonyme de croissance et d’ouverture.
Nous avons structuré un « backoffice » de vingt personnes, qui traite tous les projets qu’ils soient dans la musique ou dans le théâtre, français ou étrangers, et nous avons confié à des directrices et des directeurs de pôles l’organisation de leurs projets et la responsabilité de sujets clés pour Caramba.
Évoquer la transmission père-fille, c’est la séquence émotion, mais en substance, et c’est heureux, la transmission se passe très bien, voire très, très bien.
Je suis quand même tombée dedans quand j’étais petite, ça a facilité le lien et le partage certainement, même si parfois être « fille de » me met pas mal la pression.
Tout se fait plutôt très naturellement, avec beaucoup de bienveillance, il excuse mes erreurs de jeunesse, et je pardonne son impatience de grand producteur. C’est une transmission qui se veut sur du long terme donc il n’y aucune pression, les choses se font au fur et à mesure et dans la continuité.
Il faut réussir à composer avec les changements de génération, les mutations de notre secteur et un environnement qui se veut hostile depuis quelque temps. Il y a des jours avec et des jours sans bien sûr, mais on s’arrange pour alterner nos coups de mou.
C’est certainement aussi notre force, je peux compter sur lui pour me transmettre toute son expérience et il peut compter sur moi pour mettre toute l’énergie nécessaire pour faire grandir Caramba.
Les entreprises familiales sont souvent très résilientes, il y a quelque chose de viscéral, qui nous permet de porter et de supporter plus facilement les imprévus.
La question de la transmission est primordiale avec la mutation des générations et leurs envies, je ne sais pas si mes filles auront un jour envie de travailler à mes côtés car les entreprises familiales sont de moins en moins transmises, mais je compte aussi sur d’autres personnes qui pourraient s’engager à mes côtés.
QUELS SONT LES PRINCIPAUX DÉFIS DE CARAMBA POUR L'ANNÉE 2023 ?
Il y a défis et défis. Certains sont récurrents et nous nous appliquons à les relever, d’autres sont nouveaux et nous avons beaucoup à entreprendre pour les surmonter.
- innover, repenser le modèle de producteur, en continuant notre diversification et la prise de risques sur de nouveaux projets, il faut avoir une bonne capacité d’adaptation et de remise en cause pour rester clairvoyant et avoir le recul nécessaire pour s’adapter, ces deux dernières années ont transformé beaucoup de choses ;
- engager une transition écologique, de développement durable, et accompagner les artistes dans ce changement. C’est facile à dire mais tout est à faire, nous devons cibler des actions concrètes qui permettent d’amorcer ce changement, et avoir des actions communes que nous soyons producteurs d’artistes français ou internationaux, tous les acteurs du secteur sont concernés ;
- enfin, nous ouvrons un pôle innovation cette année, avec notamment des expositions immersives que nous avons hâte de vous faire découvrir.
VOUS VENEZ DE REJOINDRE LE GROUPE "NOUVEAUX ENTREPRENEURS" DÉDIÉ À DES TRAVAUX DE RÉFLEXION SUR LE PRODISS DE DEMAIN. UN PREMIER PAS VERS UN POTENTIEL INVESTISSEMENT DANS LES INSTANCES DU PRODISS ?
L’engagement de mon père y est certainement pour quelque chose… c’est l’occasion de faire un pas de côté et d’échanger avec d’autres acteurs qui ont pour la plupart des problématiques similaires, avec des expertises parfois différentes mais très complémentaires.
C’est très important pour moi de partager, de réfléchir à plusieurs, et de nourrir nos réflexions avec différents points de vue.
On se sent moins seule, c’est même rassurant, presque réconfortant de voir que nous sommes parfois dans des « galères » identiques.
Nous sommes plusieurs à avoir envie, mais nous avons besoin de dégager du temps et identifier comment ce nouveau groupe peut contribuer à faire avancer des sujets clés sans être redondant.
LE PRODISS EN TROIS MOTS ?
Fédérateur
Engagé
Expert
© Philippe Lévy
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