L'entrevue #7

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On donne la parole à nos adhérents.
Ce mois-ci, découvrez le portrait de Sébastien Vidal, Directeur artistique du Duc des Lombards.

Je pense, tout comme les autres élus du PRODISS, que la priorité aujourd’hui est la bagarre pour préserver et pérenniser les financements de notre maison commune, le CNM.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Votre parcours ?

J’ai été musicien, guitariste assez médiocre, mais professionnel… en tout cas, suffisamment pour en vivre. J’ai eu la chance de bifurquer dans la radio en participant à la création de TSFJAZZ. Une aventure extraordinaire qui me passionne depuis 23 ans. Je suis fou de musique vivante et j’ai toujours voulu fréquenter, trainer avec les musiciens et surtout faire tout ce que je pouvais pour les aider à rencontrer leur public. Il y a 20 ans, je me suis engagé bénévolement (nous y sommes 250 en tout) dans l’association qui produit le festival Django Reinhardt à Samois-Sur-Seine. Puis, il y a 15 ans, TSFJAZZ et son actionnaire ont acheté le Duc des Lombards. L’un des plus anciens clubs de jazz de la rive droite, à Paris… et nous avons la charge de sa programmation depuis 12 ans. C’est à ce moment-là, partageant ma vie entre la radio le jour, le club la nuit, que j’estime être entré dans le spectacle vivant au quotidien. Nous y produisons presque 300 concerts par an pour 26 000 billets en moyenne. C’est probablement la plus petite salle d’Europe puisque nous ne vendons que 68 places par show… 

Il y a 10 ans, nous avons gagné l’appel d’offre pour la direction artistique du Nice Jazz Festival que nous programmons depuis. C’était, pour la ville de Nice, un pari immense de laisser les clefs de cette énorme machine à une petite bande de passionnés de jazz comme nous. Cela nous a fait grandir à la vitesse de la lumière. Quand on produit du jazz pour un club de 68 places, c’est assez rare d’avoir la chance de produire Lauryn Hill, The Roots ou John Legend pour l’un des plus gros festivals de jazz de France. Enfin, nous avons créé notre festival, sur le domaine de Chantilly : le TSFJAZZ Chantilly Festival. La prochaine édition sera du 1er au 2 juillet 2023. 

Suite à notre assemblée générale, vous venez d’être élu délégué du comité Salles et ainsi de rejoindre le Bureau du PRODISS, sur quel projet/dossier souhaitez-vous vous investir en priorité ? 

Je pense, tout comme les autres élus du PRODISS, que la priorité aujourd’hui est la bagarre pour préserver et pérenniser les financements de notre maison commune le CNM. Nous l’avons voulu et il a prouvé, durant la crise que nous avons traversée, son efficacité. C'est la première fois que nous avons un outil aussi puissant au service de nos métiers… Il est indispensable pour favoriser la diversité des expressions. Sans CNM, pas d’artistes émergents, pas de résidences, pas de nouvelles salles… pas de création tout simplement. Il me semble donc invraisemblable qu’une partie des acteurs autour de la table, qui ont tant profité de cet outil ces deux dernières années, se refusent à participer à son financement… la bataille de cette prochaine mandature sera clairement portée sur ce point et sur l’extension des ressources CNM aux revenus du streaming.

Les questions de transition énergétique, d’écoresponsabilité sont aussi au cœur de mon engagement au PRODISS sans jamais oublier que dans RSE… il y a un "S" pour social. Nous devons être plus inclusif, plus attractif et partir à la recherche de nouveaux profils pour nos entreprises. 

Une charte d’engagement des adhérents du PRODISS pour un spectacle vivant durable et responsable vient d’être mise en place : sa signature sera obligatoire à chaque adhésion. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

La charte c'est le socle commun. C’est le début de l’histoire. Quand on la signe, on s’oblige à regarder les problèmes auxquels nous faisons face, et les defis sont immenses. Nous devons repenser nos métiers. Essayer de faire différemment. Et pour ça, il faut d’abord s’engager solennellement en tant que chef d’entreprise à ouvrir les yeux. C’est pour ça que nous avons voulu une charte : c’est pour cela qu’elle doit être signée par tous nos adhérents. Ensuite, il est essentiel que nous soyons une force de proposition. On ne peut pas laisser le sujet à des organisations qui ont comme unique solution, sur ces problèmes environnementaux, que de nous faire cesser nos activités. Je crois profondément à la force du progrès, à la possibilité d’accorder nos métiers aux enjeux de l’époque. C’est l’objet même du comité de pilotage dédié à la question de l’écoresponsabilité et de la RSE qui a pensé et développé cette charte.  

Le PRODISS en trois mots ?

Ensemble, plus fort.

© Philippe Lévy

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