L'entrevue #8
On donne la parole à nos adhérents.
Ce mois-ci, découvrez le portrait de Sophie Hazebroucq, Directrice générale de Ruq Spectacles.
Les cartes sont rebattues et le spectacle vivant devient un secteur encore plus risqué et fragile, risquant de créer des changements structurels durables.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Votre parcours ?
Après des débuts dans l’audiovisuel (en réalisation, montage puis production), j’ai découvert le spectacle vivant chez Juste Pour rire. Après un poste de coordinatrice de production sur le grand spectacle de l’exposition mondiale de Lisbonne Océans & Utopies, j’y ai notamment travaillé à la production du dernier seul-en-scène de Laurent Ruquier. Il m’a fait confiance par la suite pour créer une structure de production de spectacles dont le point de départ était l’envie de voir remonter sur scène Marie Laforêt. Nous sommes désormais associés dans Ruq Spectacles qui produit, depuis leurs débuts, Michaël Gregorio, Gaspard Proust, Vincent Dedienne. Thomas VDB nous a rejoint dernièrement.
Je dirige cette entreprise indépendante, avec une petite équipe fidèle qui a à cœur d’accompagner les artistes dans leur singularité. J'accompagne également nos artistes plus largement sur la gestion de leur carrière et produis les captations de leurs spectacles.
Suite à notre assemblée générale, vous venez d’être élue déléguée du comité Producteurs et ainsi de rejoindre le Bureau, sur quel projet/dossier souhaitez-vous vous investir en priorité ?
Les chantiers en cours sur le droit voisin du producteur de spectacle et le crédit d’impôt spectacle sont des sujets importants pour l’avenir des producteurs indépendants que je représente au Bureau.
J’aimerais aussi encourager l’échange d’expériences entre adhérents ; les différents modèles d’entreprises qui s’y retrouvent sont une force et favorisent la prise de recul nécessaire pour anticiper les évolutions du métier et identifier les prochains chantiers.
Il reste aussi beaucoup à faire sur les questions de RSE ; les emplois de notre secteur doivent retrouver une attractivité pour faciliter le recrutement.
Le PRODISS s'est ouvert, au fil des années, aux spectacles d'humour, esthétique qui a su trouver pleinement sa place aux côtés des producteurs de musique, membres historiques du PRODISS. En siégeant au Bureau, et outre les sujets transversaux défendus par l'ensemble des adhérents, quels sont vos projets pour cette esthétique, notamment à l'aube de la fusion avec les syndicats des théâtres (SNDTP) et des cabarets (CAMULC) ?
Les spectacles d’humour font de plus en plus appel à des moyens artistiques qu’on retrouve en musique ou théâtre, scénographies, vidéos… Cette esthétique a déjà par le passé dû défendre son droit au crédit d’impôt. Aujourd’hui, ce dispositif reste un enjeu important pour le développement de nouveaux artistes.
Les théâtres privés sont d’ores et déjà des interlocuteurs réguliers des producteurs d’humour dont ils partagent de nombreuses problématiques et interlocuteurs (billetterie, droits d’auteur, équipes…). J’espère que ce rapprochement facilitera les synergies producteurs/théâtres pour, par exemple, développer des outils communs comme la convention collective… et que cette fusion en un grand syndicat de la branche nous donnera plus de poids dans les combats à mener.
Comment analysez-vous la série de difficultés que traverse le secteur (hausse des coûts de l’énergie, crise de l’emploi, retour difficile des publics, Covid-19) ?
Cette crise ajoute à l’incertitude inhérente à notre activité, dont le résultat dépend d’hypothétiques recettes. Les changements de comportement du public, qui n’a pas repris ses habitudes (ou les a changées pour des achats de dernière minute), retardent notre visibilité sur la rentabilité des représentations. Cet effet est renforcé par l’augmentation des coûts de plateau alors que les prix des billets, étudiés au moment de la mise en vente (parfois plus d’un an à l’avance), n’ont pas permis de la prendre en compte. Les cartes sont rebattues et le spectacle vivant devient un secteur encore plus risqué et fragile, risquant de créer des changements structurels durables.
Dans ce contexte, le CNM, qui a été un soutien essentiel pendant la crise Covid, doit aujourd’hui trouver son mode de financement pérenne pour continuer à assurer son rôle.
Le PRODISS en trois mots ?
Union – Partage – Évolution
© Philippe Lévy
Partager cette page :