LA PLACE DES FEMMES DANS LA MUSIQUE : OUVRIR DE NOUVEAUX HORIZONS

Alors que le débat sur la place des femmes dans le monde de la culture a pris une certaine envergure depuis quelques mois et que des initiatives indépendantes commencent à voir le jour en faveur d’une meilleure représentativité des femmes (comme le Women National Fund de Live Nation), le PRODISS a organisé pour la première fois un déjeuner des femmes de la filière musicale, sous le parrainage d’Agnès Saal, haut fonctionnaire à l'égalité et la diversité du ministère de la Culture. Celle-ci a lancé les débats en rappelant l’action de son ministère depuis deux ans.

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Parmi les intervenantes, l’historienne Mélanie Traverssier, auteure de "La musique a-t-elle un genre ?", a raconté les racines anciennes de l’invisibilisation des femmes dans la filière musicale qui a consisté à « nier l’accessibilité des femmes à une forme de génie ou de créativité musicale ». Cantonnées à des espaces privés ou des temps spécifiques, elles ont également été assignées à des instruments particuliers, les instruments à vent leur étant longtemps interdits. Pour « casser le plafond de verre », elle a appelé à éduquer mais aussi à protester et alerter, soulignant par exemple qu’aucune compositrice ne figure dans les manuels de formation musicale et que les seules femmes qui apparaissent dans les manuels de solfège sont les groupies qui entourent les virtuoses...

La productrice de spectacles Geneviève Girard (Azimuth) a raconté son expérience de femme dans un secteur d’hommes. « En trente ans, a-t-elle relevé, il n’y a pas beaucoup plus de productrices qu’avant ». Si elle devait choisir un mot d’ordre pour toutes les femmes, ce serait : « se battre ». Expliquant avoir du devenir intransigeante pour gagner sa place et s’imposer, elle a dénoncé les barrières culturelles qui ont par exemple longtemps fait croire à une femme comme elle qu’elle serait incapable de lancer elle-même son entreprise. « Culturellement, on n’est pas programmées pour avoir le pouvoir ou alors les hommes ne sont pas programmés pour le partager ». Face aux contraintes qui discriminent les femmes (disponibilité, prise de risque, réseaux…), elle a invité à construire la solidarité féminine.

Ont également pris la parole :
-Angeline Barth, représentant la CGT Spectacle
-Suzanne Combo, artiste et déléguée générale de la Guilde des Artistes de la Musique
-Alexandra Bobet (Les Forces Musicales)
-Natacha Kramtz, directrice générale de Mercury et présidente des victoires de la musique
-Maud Gari (La Felin)
-Isabelle Tirion (Audiens)…

Malika Séguineau, Directrice générale du PRODISS, a conclu les échanges en souhaitant que ce premier déjeuner ne soit pas le dernier. Avec ses partenaires, le PRODISS organisera les assises de l’égalité homme / femme dans la musique le 21 juin 2019.

En parallèle du déjeuner, Jean-Daniel Levy, directeur du département Politique-Opinion de Harris Interactive, a conduit une enquête en direct sur les femmes dans l’univers de la musique. Toutes les participantes étaient invitées à répondre à un questionnaire permettant de dévoiler leur sentiment sur les inégalités et discriminations dont elles sont ou ont été victimes au cours de leur carrière. Les résultats ont été présentés également au cours du déjeuner.

Si une majorité (56 %) d’entre elles considèrent qu’il aurait été plus facile pour elles, si elles avaient été des hommes, d’arriver là où elles en sont aujourd’hui, elles estiment largement (à 81 %) avoir rencontré des difficultés au cours de leur parcours parce qu’elles étaient une femme. Au-delà de la difficulté à concilier vie professionnelle et vie privée, les difficultés à faire évoluer sa carrière, le fait de subir des remarques sexistes ou d’être victimes d’écarts de salaire avec des hommes à métier égal sont aussi très largement répandus.

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=> L’intégralité des échanges est à retrouver sur le compte YouTube de CultureVeille.

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