Retour sur le grand débat de l’assemblée générale 2022 : “La transformation du spectacle vivant : la crise comme accélérateur ?”

L’assemblée générale 2022 du PRODISS s’est tenue lundi 19 septembre à Biarritz. Sous le signe de l’avenir et de la transformation organisationnelle et économique des entreprises, le grand débat organisé pour l’occasion a mis en lumière les différentes évolutions auxquels le secteur du spectacle vivant privé devra faire face ces prochaines années.

Le grand débat « La transformation du spectacle vivant : la crise comme accélérateur ? » a été modéré par le journaliste Fabien Claire de News Tank RH. La qualité des débats et la présence de nombreux professionnels et acteurs institutionnels du secteur ont permis d’aborder les difficultés rencontrées ainsi que les enjeux à venir.

Deux tables rondes ont ainsi été proposées. 

  1. Les changements organisationnels (l’enjeu social et sociétal)

De nombreux professionnels ont fait part des changements organisationnels auxquels doivent faire face leurs entreprises.        

Lors de cette séquence, Christophe Davy dit Doudou (Radical Production), Charlotte Guiot (Arachnée Concerts) ou encore Lily Fisher (Zénith de Paris) ont pu débattre et apporter des constats et solutions sur le thème central de l’emploi.

Après avoir rappelé la situation tendue du marché de l’emploi suite à la crise sanitaire, les intervenants ont mis en avant des problèmes de qualification et de formation au sein du secteur. En effet, les candidatures « sont de plus en plus volatiles » comme a pu l’affirmer Lily Fisher. Pour pallier cette problématique, plusieurs axes de travail ont été apportés, notamment la formation et la ré-internalisation des compétences dans le but d’attirer de nouveaux profils.

À ce sujet, Thierry Teboul, Directeur général de l’Afdas, et Frédéric Olivennes, Directeur général d’Audiens, ont pu évoquer les perspectives et enjeux qui caractérisent l’évolution du recrutement au sein du spectacle vivant privé. Travailler sur une offre de formation en adéquation avec les besoins et attentes des différents entrepreneurs de spectacle est primordial pour permettre aux nouveaux arrivants d’intégrer correctement le secteur. Inversement, les plus jeunes représentent une génération de travailleurs avec des nouvelles attentes qui sont au cœur de leurs préoccupations de recrutement (santé, prévoyance etc.) et qu’il faudra savoir écouter dans les changements organisationnels de demain.

En outre, cette première séquence a pu mettre en avant un sujet de plus en plus prégnant au sein du spectacle vivant : la transition écologique. En effet, Sylvie Liogier (Zénith de Saint-Etienne), Sébastien Vidal (Duc des Lombards) ou encore Jean-Philippe Thiellay (Président du Centre national de la musique), ont pu rappeler l’importance que revêt la volonté de continuer à transformer le secteur et d’amorcer une transition qui permette des rassemblements plus durables.
Jean-Philippe Thiellay a rappelé la mission du CNM en matière de transition écologique. En regroupant des ressources et veilles informatives et en lançant un programme d’accompagnement financier pour les professionnels, le CNM se positionne comme un acteur majeur « qui mettra tous les moyens nécessaires » à la bonne transition écologique du secteur.

Le PRODISS a installé un comité de pilotage interne "Écoresponsabilité & RSE" composé d'adhérents issus des quatre métiers qu'il représente, qui a notamment travaillé sur une charte d'engagements pour un spectacle vivant durable et responsable. En encourageant les démarches existantes et en favorisant l’appropriation des enjeux au sein de l’ensemble du secteur, les entrepreneurs de spectacles ont à cœur de créer une transition écologique profonde du spectacle vivant. Comme a pu le rappeler Sébastien Vidal, les changements organisationnels que cette transition appelle « concernent tout le monde, aussi bien les artistes, les pouvoirs publics que les organisations professionnelles ». Cette nécessaire transition ne pourra se faire que dans la collaboration avec toutes les parties prenantes de notre écosystème.

      2.  Les changements de nos modèles économiques 

Dans cette seconde séquence, les professionnels et institutionnels présents à la table ronde ont pointé la fragilité des modèles économiques. Entre les pénuries de personnel et de matériel, l’inflation des prix de l’énergie et les problématiques climatiques, le spectacle vivant privé doit plus que jamais modifier en profondeur ses modèles économiques. 

Marie Sabot (We Love Green), Olivier Darbois (Président du PRODISS), Gilles Petit (Little Bros. Productions), Frédéric Saint-Dizier (Les Productions Label LN) et Aurélien Binder (Fimalac Entertainment) ont tous mis en évidence la nécessité de faire évoluer les modèles économiques pour les renforcer afin de supporter les chocs actuels et futurs.

À titre d’exemple, les festivals font face à des difficultés d’accès au matériel (des scènes en particulier) et à des aléas climatiques qui provoquent des « tensions à tous les niveaux » comme l’a mentionné Marie Sabot. Il existe des dangers importants pour les festivals, c’est pourquoi les prochains mois seront décisifs pour établir une feuille de route qui permettra de se préparer dans les meilleures conditions possibles à la saison prochaine.

Dans une plus large mesure, c’est l’ensemble du spectacle vivant privé qui est concerné par de véritables difficultés économiques. Ainsi, Olivier Darbois a appelé à une prise de conscience générale y compris chez les artistes. Une vague de créativité est présente au sein du secteur mais comme l’évoquait Frédéric Saint-Dizier, cette dernière « génère de nouveaux coûts ». La sobriété de création est donc de mise dans les prochains mois. Les entrepreneurs de spectacles sont « encore trop mal rémunérés pour les risques financiers » qu’ils prennent a indiqué Aurélien Binder.

Comme l’ont rappelé Gilles Petit et Olivier Darbois, les changements des modèles économiques des entreprises du spectacle ne peuvent se faire sans l’aide du CNM. À cet égard, la table ronde a mis en lumière les inquiétudes concernant le CNM et sa capacité à mener à bien ses missions à partir de 2023. Le PRODISS plaide, en effet, pour de nouvelles ressources affectées au CNM afin de corriger l’asymétrie actuelle (la ressource principale du CNM est constituée de la taxe fiscale sur la billetterie de spectacle vivant musical et de variété). L’ensemble des intervenants a parlé d’une contribution des acteurs de la diffusion en ligne. À défaut, le CNM devra faire des choix dans ses missions à compter de 2023.

Jean-Philippe Thiellay a assuré entendre et comprendre les menaces évoquées. Le rôle du CNM et son influence dans la mise en œuvre des politiques publiques permettra, selon lui, de faire remonter les solutions auprès des pouvoirs publics.            

Françoise Benhamou (Économiste spécialiste de l’économie de la culture) a évoqué des pistes permettant au spectacle vivant de trouver de nouveaux leviers de croissance : un possible levier avec le numérique (livestream, métaverse etc.) mais il faut alors attribuer un droit de propriété aux producteurs de spectacles, afin de protéger leurs investissements.

Enfin, les acteurs de la billetterie présents (Arnaud Averseng (France Billet), Cédric Blondel (Ticketnet) et Benjamin Bories (See Tickets)) ont pu réaffirmer l’importance d’investir dans l’innovation technologique des billetteries de spectacles (création d’outils permettant de mieux connaitre le public) afin de contribuer aux changements de modèles économiques du secteur. Ces derniers ont pu également revenir sur les différentes problématiques liées aux prestations et à l’utilisation des data.

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