L'entrevue #3

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On donne la parole à nos adhérents.
Ce mois-ci, découvrez le portrait de Cyril Bahsief, Directeur général d'Öctöpus et de Florence Jeux, Directrice du Bataclan.

[…] nous devons avoir une réflexion globale car tous les enjeux, sociaux, environnementaux, économiques, éthiques sont liés. Le but ultime étant de motiver les comportements pour entrainer un mouvement collectif vers le « mieux vivre ensemble » à la fois au sein de nos entreprises, de notre filière mais dans la société globalement.

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Votre parcours ?

Cyril Bahsief, Directeur Général d’Öctöpus : J’ai démarré mon parcours professionnel en label chez une major (Universal) avant de me destiner rapidement au live, d'abord dans une salle de concerts à Paris en tant que chargé de production et de programmation. En 2011, nous avons créé Öctöpus avec Marie Favre. Öctöpus est un promoteur et une agence de booking d’artistes internationaux, un producteur d’artistes français (près de 400 dates par an) et un (co)producteur de festivals (Biches, Check-in Party, Baisers Volés…). Nous intervenons également en conseil artistique (Festival Chorus) et en production déléguée pour des marques et institutionnels ainsi que dans l’accompagnement en stratégie ou administration de production de projets & de structures artistiques.

Florence Jeux, Directrice du Bataclan : J’ai démarré ma carrière dans la musique par différents postes au départ : de la régie générale, en passant par la production, le booking, la programmation, jusqu’à arriver à la direction artistique du Festival les Francofolies de la Rochelle en 2012 et à en prendre la direction générale en 2017. Pendant 7 années j’ai également contribué à l’export des Francofolies dans le monde en coordonnant l’implantation d’événements en Bulgarie, en Israël, en Nouvelle Calédonie ou à La Réunion.
En 2018, alors que le Bataclan relançait son activité à la suite des événements de 2015, le groupe Lagardère, qui en était alors propriétaire, m’a proposé d’écrire un nouveau projet pour la salle. Défendre un projet au Bataclan c’est envisager un projet artistique, socle de l’histoire de cette salle depuis plus de 160 ans mais c’est aussi, aujourd’hui, appréhender une dimension sociale, politique et un certain devoir de responsabilité collective. C’est cette nécessité de faire revivre ce lieu qui m’a convaincue d’en prendre la direction.

Vous faites partie du Comité de Pilotage Écoresponsabilité et RSE mis en place par le PRODISS pour travailler sur les enjeux sociaux et environnementaux avec et pour ses adhérents. Comment voyez-vous votre rôle au sein de cette instance ? Pourquoi vous semblait-il important d’accepter cette mission ? 

Cyril Bahsief : De mon côté, mon intervention dans ce comité est le fruit du constat que mon rapport à la RSE (et en particulier à l’écologie dans la sphère professionnelle) me semblait assez limité par rapport aux messages d’urgence dont nous sommes les témoins depuis de nombreuses années déjà, par manque de temps et de repères. Je trouve donc très intéressant d’échanger sur ces sujets et de comprendre que c’est un enjeu majeur pour notre économie culturelle privée et, qu’en réalité, ce qui paraît être une contrainte aujourd’hui va vite devenir un réflexe et un comportement naturel. Je pense que nous sommes en retard dans le spectacle vivant privé mais j’espère que ce CoPil va aider à vite nous rattraper !
À nous tous d’être proactifs et dans l’échange !

Florence Jeux : Pour ma part, mon expérience au Bataclan et les difficultés rencontrées dans le fait de relancer une activité dans ce lieu m’ont forcée à remettre en question très rapidement les schémas habituels afin de réinventer un nouveau modèle. Il y a ensuite eu la pandémie qui a été révélatrice d’une crise sociale et environnementale plus profonde. Aujourd’hui nous nous rendons compte que ce n’est plus une question de priorité à moyen terme mais qu’il devient vital pour nos vies à court terme de changer nos modes de consommation et de production. Cette urgence prouve que nous ne pouvons plus être attentistes de solutions qui viendraient seulement des institutions. Chacun à un rôle à jouer à son niveau et nous devons être moteur.

Quel axe de réflexion ou de travail portez-vous tous les deux au sein de ce Comité ? Comment croyez-vous qu’il sera possible de faire évoluer les pratiques à court et long terme ?

Cyril Bahsief : Ah oui sinon je ne serais pas là ! La nouvelle génération se doit de porter les valeurs RSE ! 
La RSE ne se limite pas à faire du tri dans nos poubelles de bureau… Je reste convaincu que nous voulons tous œuvrer pour de meilleures relations au travail, pour une attention particulière à l’écologie, mais que les TPE ou PME n’ont pas toujours les ressources (humaines, financières, informations, etc.) pour évoluer comme il se doit. Ensuite, il devient évident que la RSE sera la clé de nos réussites en tant qu’acteurs culturels privés : pour les appels à marché, les subventionneurs prennent déjà ou prendront prochainement les dimensions RSE en considération dans leur décision. Autant que les adhérents du PRODISS soient prêts, voire soient force de proposition dans ce domaine. Et je serais heureux de pouvoir aider à cela. Enfin, si nous pouvons continuer à développer nos organisations tout en respectant la nature et nos collaborateurs au travail, j’ai envie de dire que nous serons tous gagnants, les prochaines générations avec nous !

Florence Jeux : Au départ nous nous sommes posé la question de savoir si nous orientions ce Comité uniquement sur le volet écoresponsabilité ou plus globalement vers la Responsabilité Sociétale des Entreprises. Pour moi, nous devons avoir une réflexion globale car tous les enjeux, sociaux, environnementaux, économiques, éthiques sont liés. Le but ultime étant de motiver les comportements pour entrainer un mouvement collectif vers le « mieux vivre ensemble » à la fois au sein de nos entreprises, de notre filière mais dans la société globalement. Cela passe d’abord par une prise de conscience collective, de la pédagogie, se rassembler autour de valeurs communes, puis dans la mise en place d’un plan d’action à travers différents outils. Ce sont les objectifs que nous nous sommes fixés au sein du comité. 

Quelles actions concrètes avez-vous mis en place, au sein de vos structures, concernant les enjeux de RSE et d’écoresponsabilité ? 

Cyril Bahsief : Alors justement on est en retard je pense - en matière d’écologie et développement durable, à part être vigilant sur les accueils et les riders artistiques, voire faire preuve de pédagogie et influer sur nos artistes, notre intervention reste limitée. Dans le domaine sociétal, avec une forte représentativité des femmes au sein de notre entreprise et une attention particulière au quotidien de nos collaborateurs, nous tentons d’être alertes sur ces sujets. Dans ces deux domaines, nous sommes cependant en manque cruel de process interne afin d’apporter une vraie fluidité dans notre rapport à la RSE !! Il est clair que la mise en lumière des solutions par notre CoPil va aider !

Florence Jeux : Au Bataclan, nous avons saisi l’opportunité du temps que nous avions pendant le confinement pour faire un bilan carbone. Cela nous a permis de faire un point global sur le fonctionnement de la salle, ses forces et ses faiblesses en matière de consommation énergétique et de commencer à entamer une réflexion concrète et globale sur son évolution. Sur le volet RSE, plus largement, notre rapprochement avec l’Accor Arena depuis quelques mois va nous nous permettre d’avancer plus rapidement sur l’ensemble de ces sujets, au regard des compétences qu’ils ont développé dans ce domaine, jusqu’à imaginer une certification dans les prochains mois.

 

Le PRODISS en trois mots ?

ÉCHANGE – STRUCTURATION - VISION

© Philippe Lévy

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