L'entrevue #4

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On donne la parole à nos adhérents.
Ce mois-ci, découvrez le portrait de Marie Rigaud, fondatrice et directrice du Festival Le Printemps de Pérouges.

Le festival au sens générique du terme est social, politique et économique. Il est, entre autres, un formidable espace de mixité sociale, précieux et fréquenté par l’ensemble des profils d’une population.

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Votre parcours ?

Passionnée de musique, j’ai fait mes premiers pas musicaux dans les médias spécialisés et sur les ondes de Radio Classique et Jazz Radio, en qualité d’animatrice, puis journaliste / reporter. En parallèle et passionnée de musique, j’ai suivi des études de musicologie et de chant lyrique aux conservatoires de Grenoble et Lyon.
Férue d’opéra, mais aussi de toutes les musiques transversales, je me suis lancée dans l’aventure entrepreneuriale en 1997, en créant le festival du Printemps de Pérouges.
Près d'un quart de siècle après sa naissance au cœur de la cité médiévale, le festival du Printemps de Pérouges est aujourd’hui le premier évènement culturel du département de l’Ain. Fort de son ancrage régional, ce dernier n’a cessé de faire preuve d’inventivité au fil des décennies, en accueillant une multitude d’artistes, émergents ou de renommée mondiale, au sein de lieux plus insolites les uns que les autres. Le 28 juin prochain, le festival donnera le coup d’envoi d’une 25ème édition inédite, spéciale anniversaire, au Polo-Club de la Plaine de l’Ain à Saint-Vulbas.

Vous vous êtes présentée, lors de l’assemblée générale du PRODISS du 12 décembre 2021, en tant que candidate libre pour rejoindre le comité Festivals. Pourquoi vous semblait-il important de candidater pour ce mandat ?

Je me suis présentée au comité Festivals pour représenter le secteur indépendant et m'impliquer sur les sujets inhérents à notre métier, pour partager aussi notre expertise et notre expérience.
Être présente au sein du comité Festivals me permet d’échanger et de comprendre mieux tous les enjeux, la mécanique de ce métier ainsi que son écosystème à part entière.
Le festival au sens générique du terme est social, politique et économique. Il est, entre autres, un formidable espace de mixité sociale, précieux et fréquenté par l’ensemble des profils d’une population.
Enfin, le modèle festival, et tel qu’on le connaît à l’été 2022, se fragilise et son modèle devient incertain : concurrence en forte croissance sur le territoire, nouvelle donne et inflation artistique/technique/logistique etc., manque de billetterie.
Il y a certainement des mutations et évolutions à envisager et à supposer dans le modèle, dans le format festival et ce, dans les années à venir.

Si on se projette à la fin de votre mandat en 2024, quel projet/dossier souhaiteriez-vous voir aboutir au sein de votre comité et plus largement au sein du syndicat ?

Nombreux sont les sujets qui nous préoccupent actuellement et autour de notre métier, notamment :

  • Le sujet de la billetterie et de la traçabilité (la data) de notre public, les commissions billetterie pour les opérateurs extérieurs, la gestion courante et les conditions générales de vente à revoir ;
  • Le sujet du modèle fragilisé : la plupart de nos événements doivent atteindre un taux de remplissage de plus de 90 % pour rester rentables. Entre des cachets devenus mirobolants et les ventes tardives de billets, l’équation est de plus en plus difficile à résoudre ;
  • Le sujet de l'équilibre à trouver entre les indépendants de plus en plus exposés face aux multinationales de l’industrie musicale, eux-mêmes acteurs de la dynamique festival ;
  • Enfin les sujets d’avenir comme l’éco responsabilité et le festival vert. Il reste beaucoup à faire pour réduire l'impact carbone de nos évènements et notamment les déplacements sur site.

Lors de la séquence #Présidentielle22, vous avez interpellé avec le PRODISS les candidates et candidats sur le décret « Son » : qu’attendez-vous du nouveau gouvernement à ce sujet ? 

Ce décret et l’arrêté qui a suivi portent sur la protection du public dans tous les lieux diffusant ponctuellement des musiques amplifiées.

Le décret « Son » est une bombe à retardement qui menace les festivals tels que présentés actuellement et avec des contraintes matérielles drastiques impliquant des investissements importants d’équipements (notamment les travaux d’isolation phonique).
Pour les professionnels du secteur musical, les normes de diffusion sonore envisagées et les conditions requises par le décret sont inapplicables et pour les raisons suivantes :

  • Le coût exorbitant des études d’impact exigées ;
  • La nécessité d’élaborer une méthode et une procédure complexes pour être en mesure d’utiliser les équipements de mesure du niveau sonore ;
  • L’impossibilité de respecter et de mesurer, à tout moment du concert et à tout endroit de la salle, les limites sonores prévues.

Nous attendons du gouvernement une nouvelle étude du sujet et un allègement du cahier des charges pour un décret plus réaliste, en concertation avec les acteurs concernés et avant un arrêté d’application.
Ce sujet du décret « Son » est sensible pour nous, organisateurs d’évènements, et notamment sur le message de la préservation de la santé auditive des artistes et des spectateurs. Il s’agit donc de trouver le bon compromis.

 

Le PRODISS en trois mots ?

COMMUNAUTÉ – PASSION – ENGAGEMENT

© Philippe Lévy

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