L'entrevue #15

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Le PRODISS donne la parole à ses adhérents
Ce mois-ci, découvrez le portrait de Carol Meyer, directrice du Festival Art Rock.

Refuser de doter le CNM de financements solides et pérennes, c'est choisir délibérément de mettre en péril la création, la diffusion et le soutien à l'émergence artistique...

 

POUVEZ-VOUS VOUS PRESENTER EN QUELQUES MOTS ? VOTRE PARCOURS ?

Carol Meyer, 37 ans, Directrice du Festival Art Rock.

Au début de ma carrière, j’ai beaucoup travaillé à l’étranger pour différentes salles et festivals. Entre les différents pays, les différentes disciplines (musique, théâtre, danse) et des missions variées (prod, admin, com), j’ai vite acquis un bon panorama du secteur et des process à l’œuvre. J’ai ensuite intégré la section culturelle du ministère des Affaires étrangères, où j’ai travaillé à la diffusion d’artistes français depuis nos ambassades aux Emirats Arabes Unis puis en Inde. De retour en France, j’ai rejoint l’équipe du Festival Art Rock en 2015 en tant qu’administratrice et responsable de la production, puis suis devenue directrice en 2018. À ce titre, j’ai eu à cœur de développer de nouvelles stratégies et notamment de faire prendre un virage résolument écologique et social au festival.

 

VOUS ETES REPRESENTANTE DU PRODISS AU CONSEIL PROFESSIONNEL DU CENTRE NATIONAL DE LA MUSIQUE (CNM) ET EGALEMENT CO-PRESIDENTE DE LA FEDERATION DE CONCERT !. POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE VOTRE IMPLICATION AU SEIN DE CES DEUX ORGANISMES QUI PARTICIPENT ACTIVEMENT A LA STRUCTURATION, AU SOUTIEN ET AU DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE MUSICALE ?

Les festivals ne sont malheureusement pas un secteur d’activité facile à gérer. L’équilibre économique est précaire, les contraintes législatives nombreuses et successives (circulaire Collomb, décret son, décret tribunes), notre existence est soumise au contexte sécuritaire (émeutes, JO) et sanitaire (Covid). Et, quand bien même le poids économique de notre industrie est énorme, nous sommes considérés comme « non essentiels ». Aussi, la puissance du collectif m’a tout de suite semblée vitale pour défendre au mieux nos activités. Il faut faire corps ensemble, non seulement pour œuvrer collectivement à la défense de notre secteur, mais aussi pour faire évoluer nos propres pratiques, en apprenant des uns et des autres.

C’est ce qui m’a amenée à m’investir au sein de la fédération DE CONCERT !, que je copréside depuis 4 ans avec Eddy Pierres (Panoramas). Cette association qui regroupe depuis vingt ans une trentaine de festivals internationaux est un formidable espace d’échanges, de partage, de création artistique et d’analyse de nos activités. La mise en commun des questionnements, des réussites, des échecs et des enjeux actuels nous permet vraiment d’enrichir nos pratiques professionnelles. Et l’échange avec des festivals d’autres pays nous permet aussi de mettre en perspective nos problématiques et les différents moyens d’y répondre, c’est très précieux.

Parallèlement j’ai en effet intégré le Conseil Professionnel du CNM à sa création, en pleine crise sanitaire ! Je m’attache évidemment à y défendre bec et ongles le secteur des festivals, mais cela va aussi plus loin car les sujets sont nombreux, plus politiques et impactants pour tous les acteurs de la filière musicale. Nous sommes consultés sur le budget du CNM, les plans d’aides, etc. Le poids du Conseil Professionnel est certes limité en matière décisionnelle, mais c’est tout de même salutaire de pouvoir réunir des professionnels de tous les secteurs d’activités et de tous les bords autour d’une même table, au service d’un objectif commun. Malheureusement nous en sommes encore, au bout de 3-4 ans, à nous battre pour le financement de cet établissement, dont personne ne peut douter de l’utilité pour la filière ! Refuser de doter le CNM de financements solides et pérennes, c'est choisir délibérément de mettre en péril la création, la diffusion et le soutien à l'émergence artistique... Preuve s’il en est qu’il y a nécessité à s’impliquer, afin de faire front commun pour la défense de de la filière musicale !

 

POUR LES 40 ANS DU FESTIVAL ART ROCK, VOUS AVEZ RENOUVELE VOS ENGAGEMENTS EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT DURABLE, NOTAMMENT EN PARTICIPANT A L’OPERATION « FESTIVALS EN MOUVEMENT », INITIATIVE PORTEE EN BRETAGNE PAR LE COLLECTIF DES FESTIVALS QUI ACCOMPAGNE VOTRE DEMARCHE DEPUIS PLUSIEURS ANNEES. POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE PLUS SUR CE PROJET ?

En effet nous avons fait de la défense d’un développement durable, social et solidaire un des axes principaux de notre projet. Nous traduisons cet engagement au quotidien, en essayant de réduire notre impact écologique mais aussi de faire œuvre de pédagogie auprès des publics et des équipes. C’est exactement l’objet de l’opération « Festivals en mouvement », un projet national autour de la question des mobilités durables. 50 festivals s’y engagent collectivement sur trois ans à travers plusieurs étapes : une étude nationale sur la mobilité des publics, deux ans d’expérimentations dans nos festivals, ainsi que des phases de capitalisation des résultats et des bonnes pratiques.

C’est pour moi LE sujet numéro 1 pour réduire l’impact de nos événements. En effet, 80 % de l’impact carbone d’un festival réside dans les déplacements des publics et des équipes !

Plus généralement, la question des transports a été identifié comme un des leviers d’actions principaux par le GIEC. C’est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France et il est responsable d’un quart des émissions mondiales… La décarbonation des transports est donc un enjeu crucial dans la lutte contre le changement climatique, il est urgent que notre secteur s’en saisisse en requestionnant les modes de déplacement des publics, des équipes et des artistes !

 

LE PRODISS EN TROIS MOTS ?

Rassembler - Défendre - Transmettre

 

© Gwendal Le Flem

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