L'entrevue #13

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Le PRODISS donne la parole à ses adhérents
Ce mois-ci, découvrez le portrait de Marion Gabbaï, directrice de Vedettes.

Le système patriarcal nous impose en tant que femmes de nous remettre constamment en question.  A titre personnel, cela m’a obligée à réfléchir à comment je pouvais diriger ma boîte, de quelle manière je souhaitais évoluer dans ce secteur et avec qui.

 
POUVEZ-VOUS VOUS PRESENTER EN QUELQUES MOTS ? VOTRE PARCOURS ?

J’ai d’abord fait des études d’histoire et sciences politiques, puis j’ai très vite eu envie de travailler dans le spectacle. J’allais beaucoup au théâtre pendant mes études et c’est presque par hasard que je me suis retrouvée à effectuer un stage d’assistante programmation au Centre FGO Barbara à Paris, un lieu orienté musique. Après une formation à l’IRMA/Nanterre en gestion de projet musicaux, et un stage au Nouveau casino, j’ai travaillé pour le festival Les Femmes s’en Mêlent (LFSM), qui m’a proposé mon premier contrat. C’est là que j’ai commencé à faire du booking et à constituer mon catalogue d’artistes.
Au moment où l’agence Imperial - qui organisait LFSM - s’est arrêtée, j’avais l’opportunité de rejoindre une autre agence ou de créer une entreprise. J’ai beaucoup hésité, puis les artistes et agents avec qui je travaillais m’ont dit qu’ils me suivraient quel que soit mon choix, donc j’ai tenté le coup et j’ai fondé My Favorite avec Jean-Sebastien Nicolet, l’un de mes associés.

VEDETTES EST ISSUE DE LA FUSION ENTRE LES AGENCES MY FAVORITE, KONGFUZI BOOKING ET LA ROUTE DU ROCK BOOKING. POUVEZ-VOUS NOUS RACONTER L’HISTOIRE DE CETTE FUSION ?

Quelques mois après la création de la société, un ami de Jiess (Jean-Sebastien Nicolet), Christophe Ehrwein - patron de Kongfuzi - est décédé; son équipe nous a contacté pour que nous les aidions à conserver les tournées confirmées, et faire perdurer l’esprit de Kongfuzi, une entreprise indépendante avec un fort ADN artistique autour des musiques extrêmes.

Pendant des années, nous avons communiqué comme deux agences différentes, mais il s’agissait de  la même boite. Peu de gens l’avaient compris, et cela faisait longtemps qu’on souhaitait tout rassembler sous un même nom, mais on ne savait pas quand, comment etc.

Parallèlement, nous étions très proches de l’équipe de la Route du Rock Booking. Nous aimions la même musique, nous travaillions avec les mêmes partenaires et partagions les mêmes valeurs de travail. On échangeait déjà beaucoup, on s’aidait tout le temps, et fusionner a longtemps été une blague entre nous, un fantasme.

Début 2021, on a sauté le pas. On a eu le temps d’y réfléchir ensemble, de partager nos envies, et mettre en place une organisation qui convenait à tous. C’était vraiment très excitant ! Aujourd’hui, nous produisons des concerts dans tout types de salles, et organisons des tournées d’artistes français et internationaux.  
Nous commençons aussi le développement du booking européen.

EN TANT QUE DIRECTRICE D’AGENCE DE BOOKING ET PROGRAMMATRICE DU FESTIVAL LEVITATION, QUE PENSEZ-VOUS DES QUESTIONS DE REPRESENTATIVITE ET D’INCLUSIVITE DANS LE SECTEUR DU SPECTACLE VIVANT ?

Vaste sujet ! Ma réponse ne sera que partielle.
Il y a un mouvement majeur qui est en train de s’opérer ; pas encore assez, mais de plus en plus de femmes sont à des postes de hautes responsabilités (directrice, programmatrice, cheffe sécurité...) et je suis persuadée que cela va changer profondément la manière dont fonctionnent nos entreprises.

Le système patriarcal nous impose en tant que femmes de nous remettre constamment en question.  A titre personnel, cela m’a obligée à réfléchir à comment je pouvais diriger ma boîte, de quelle manière je souhaitais évoluer dans ce secteur et avec qui. J’ai choisi et eu l’opportunité de travailler avec des personnes inspirantes, comme Doudou (Christophe Davy), qui a l’envie de transmettre et qui m’aide encore beaucoup au quotidien.  L’aide de ces personnes a été déterminante dans mon parcours. Aujourd’hui, je pense qu’une approche solidaire et collaborative donne confiance et nous permet d’éviter de tomber dans les écueils du syndrome de l’imposteur par exemple.  Pour moi, cette transmission et cette solidarité favorisent l’inclusion et participent aussi au maintien de la diversité des entreprises dans notre secteur.

Au sein de Vedettes, j’essaie de proposer une organisation bienveillante, et plus horizontale. On a mis en place des process qui vont dans le sens d’un modèle plus participatif des salariés.

Nous avons également à cœur de défendre au sein de notre catalogue des artistes engagés, qui défendent ou font partie de certaines minorités. C’est aussi ce que j’essaie de faire à travers la programmation de Lévitation où l’on propose beaucoup de découvertes, ce qui nous permet d’être plus libres dans nos choix de programmation.

Nous avons tous défendu récemment l’idée que notre secteur était essentiel au sein de la société, on ne peut donc pas exclure le geste politique dans l’exercice de notre profession.

VOUS AVEZ INTEGRE AU SEIN DU PRODISS LE GROUPE « NOUVEAUX ENTREPRENEURS ». QUELLES ONT ETE VOS MOTIVATIONS POUR Y PARTICIPER ?

Mon entreprise est adhérente depuis sa création, mais sincèrement, c’est au moment du Covid que j’ai réalisé à quel point faire partie d’un syndicat était important. J’étais spectatrice jusqu’ici, et lorsqu’on m’a proposé d’intégrer ce groupe, je me suis dit qu’il était important de s’investir au sein du syndicat.
En échos avec ce que je disais précédemment, j’ai été séduite par l’idée de rencontrer mes pairs, d'échanger sur nos problématiques, et pratiques professionnelles. On a tous la « tête dans le guidon », et ce groupe peut nous permettre de prendre un peu de hauteur, c’est assez exaltant de rencontrer tous.tes ces dirigeant.es que je ne connaissais pas ou peu et qui partagent malgré nos différences beaucoup de questionnements communs.
Nous aimerions réfléchir à des thématiques complémentaires des élus du Bureau, telles que l’emploi et l’attractivité de nos métiers.

LE PRODISS EN TROIS MOTS ?

A l’écoute
Structurant
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